Réconciliation
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Ah, ce Téodor ! Je l'aime, avec ses embardées, son originalité, sa jeunesse éruptive mais subtile à y bien regarder. Ce gréco-russe iconoclaste ne peut laisser indifférent — encore, et c'est très heureux, un ovni dont on se demande d'où il peut bien sortir. Son prénom lui va à ravir. Téodor Currentzis vient d'enregistrer la 5ème de Beethoven : comme toujours, il va droit au but. Avec la prétention crânement affichée de la faire entendre comme jamais cela ne s'était fait, rien de moins, de "faire quelque chose de nouveau", de "retrouver le choc souhaité par Beethoven, mais qui s'est perdu dans les usines pseudoexistentielles du legs discographique" (fermez le ban).
Après réécoute, pour éviter les emballements superficiels, confirmation de mes premières impressions. Téodor en fait un peu trop ici et là (tempi, rubato...), quoique d'une façon qui peut se légitimer, en tout cas : qui est toujours musicale ; mais il apporte indéniablement à l'interprétation de cette œuvre trop paresseusement rabâchée, avec un sens du phrasé et une finesse d'interprétation qui enchantent souvent. Sa lecture est bien plus sophistiquée qu'on pourrait le penser, au fond elle est d'un classicisme de très haute tenue. Et s'il comprend la dimension révolutionnaire de ce compositeur et surtout de cette symphonie, comme tout un chacun y est désormais bien obligé après Harnoncourt, il ne la systématise pas. Pour cet aspect, cela dit, il n'égale pas Monsieur le Comte, en particulier dans le dernier mouvement, où ce dernier est intouchable, tant il confine au génie pur et simple.

Après réécoute, pour éviter les emballements superficiels, confirmation de mes premières impressions. Téodor en fait un peu trop ici et là (tempi, rubato...), quoique d'une façon qui peut se légitimer, en tout cas : qui est toujours musicale ; mais il apporte indéniablement à l'interprétation de cette œuvre trop paresseusement rabâchée, avec un sens du phrasé et une finesse d'interprétation qui enchantent souvent. Sa lecture est bien plus sophistiquée qu'on pourrait le penser, au fond elle est d'un classicisme de très haute tenue. Et s'il comprend la dimension révolutionnaire de ce compositeur et surtout de cette symphonie, comme tout un chacun y est désormais bien obligé après Harnoncourt, il ne la systématise pas. Pour cet aspect, cela dit, il n'égale pas Monsieur le Comte, en particulier dans le dernier mouvement, où ce dernier est intouchable, tant il confine au génie pur et simple.

- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Caverne modernante. Différence avec celle de la République de Platon : les esclaves sont les figurants du spectacle et ils s'imaginent le faire.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
« La vérité n’a pas besoin de l’adhésion de l’homme pour être assurée. » Nicolás Gómez Dávila, Le Réactionnaire authentique
Certainement pas de son "adhésion", mais non moins assurément de sa relation avec elle.
Certainement pas de son "adhésion", mais non moins assurément de sa relation avec elle.
- Eric Veron
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Re: Réconciliation
Bien sûr, toute la question étant de savoir quelle est la nature et la fonction de cette relation.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Peut-être n'existe-t-il que cette relation ?
- Francis Marche
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Re: Réconciliation
Oui, mais alors très dépouillée, la relation, s'il vous-plaît.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Je découvre cette phrase du cardinal Sarah, décidément plus qu'estimable :
« On ne fait rien de grand avec des hommes de routine qui ont une fois pour toutes consenti à la médiocrité. On ne fait rien de consistant avec des tièdes et des mous. La tiédeur conduit à la lâcheté et à la trahison. »
« On ne fait rien de grand avec des hommes de routine qui ont une fois pour toutes consenti à la médiocrité. On ne fait rien de consistant avec des tièdes et des mous. La tiédeur conduit à la lâcheté et à la trahison. »
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Suite et fin d'une première intégrale des œuvres symphoniques d'Albéric Magnard.
Il est rarement enregistré au disque, et il l'a été par le passé souvent de façon assez discutable, en tout cas ne rendant pas justice à l'originalité de sa musique, et à son caractère vif, passionné, et... français, sans pour autant s'inscrire en faux vis-à-vis de la tradition allemande (Debussy...). Avec son caractère si sincère et exigeant, hostile au succès, aux modes, et au monde, il fait partie de ces personnages secrets qui ponctuent l'art, et en sont souvent de vrais héros, sinon des génies.
Après une 3ème remarquable, associée à une quatrième de qualité, puis les deux premières symphonies, avec des bonheurs divers mais toujours une grande qualité et une justesse musicale, évitant de faire tomber cette musque d'un côté ou de l'autre, notamment "germanisant", ce qui est un contre sens, Fabrice Bollon, à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Fribourg nous offre une belle possibilité de faire mieux nôtre cette musique.
Osons une petite recommandation : il faut généralement plusieurs écoutes pour bien apprécier les richesses et subtilités de cette musique. Comme toujours, en faire l'effort est mille fois récompensé, et l'on se prend à s'y attacher.
Voici les trois disques de cette intégrale qui vient de s'achever :

Il est rarement enregistré au disque, et il l'a été par le passé souvent de façon assez discutable, en tout cas ne rendant pas justice à l'originalité de sa musique, et à son caractère vif, passionné, et... français, sans pour autant s'inscrire en faux vis-à-vis de la tradition allemande (Debussy...). Avec son caractère si sincère et exigeant, hostile au succès, aux modes, et au monde, il fait partie de ces personnages secrets qui ponctuent l'art, et en sont souvent de vrais héros, sinon des génies.
Après une 3ème remarquable, associée à une quatrième de qualité, puis les deux premières symphonies, avec des bonheurs divers mais toujours une grande qualité et une justesse musicale, évitant de faire tomber cette musque d'un côté ou de l'autre, notamment "germanisant", ce qui est un contre sens, Fabrice Bollon, à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Fribourg nous offre une belle possibilité de faire mieux nôtre cette musique.
Osons une petite recommandation : il faut généralement plusieurs écoutes pour bien apprécier les richesses et subtilités de cette musique. Comme toujours, en faire l'effort est mille fois récompensé, et l'on se prend à s'y attacher.
Voici les trois disques de cette intégrale qui vient de s'achever :



- Eric Veron
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Re: Réconciliation
Merci de ces élégantes présentations qui donnent envie, cher Didier. Un jour peut-être...
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
« Stendhal est le premier grand Européen, depuis Montaigne. Et comme il fallait s'y attendre, c'est un Français. Goethe est européen, sans doute : mais son Europe est allemande. »
André Suarès, Le voyage du Condottière
André Suarès, Le voyage du Condottière
- Eric Veron
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Re: Réconciliation
Joseph Ratzinger, 93 ans, se dit victime d'une «déformation malveillante de la réalité» dans cet ouvrage intitulé «Benoît XVI - Une vie» et qui inclut des entretiens, selon les passages publiés dans la presse allemande et par l'agence de presse DPA. «Le spectacle des réactions venues de la théologie allemande est tellement aberrant et malveillant que je préfère ne pas en parler», dit-il.
«Je préfère ne pas analyser les vraies raisons pour lesquelles on veut tout simplement faire taire ma voix», ajoute celui qui dans son pays notamment, où l’Église catholique est dirigée jusqu'ici par des prélats jugés libéraux, a souvent été critiqué pour ses positions sur l'islam ou les sujets de société.
«Je préfère ne pas analyser les vraies raisons pour lesquelles on veut tout simplement faire taire ma voix», ajoute celui qui dans son pays notamment, où l’Église catholique est dirigée jusqu'ici par des prélats jugés libéraux, a souvent été critiqué pour ses positions sur l'islam ou les sujets de société.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Rodin, sortant admiratif de la cathédrale de Chartres et confus de ne la découvrir que si tard : « Nous sommes des aveugles environnés de splendeurs ! ».
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
« Qui a dit assez la grandeur et la magie du dessin ? Elle éclate surtout dans le sculpteur, qui bâtit ce qu'il dessine et qui donne à la forme son volume. Le dessin est le langage de la vision. Le dessin est la langue universelle, bien plus que la musique. Le fond de tout art est toujours le dessin, conquête merveilleuse de la vie et de l'être par la forme. Ce que la parole est à la pensée, le dessin l'est à l'essence de l'action. S'il est le verbe, Dieu est le dessin tout autant. Dieu dessine autant qu'il pense et mesure. Le dessin est divin : il crée l'image dans le flot du mouvement ; il fixe l'objet dans les limites absolues qui lui confèrent la vie individuelle et son caractère propre.
Voilà donc l'enfant Giotto que la nature enseigne sous un ciel heureux, et qui s'instruit à donner aux apparences la seconde vie de la forme. Ainsi Giotto découvre le dessin et il l'apprend à son pays, pour le siècles des siècles.
(...)
Le sculpteur est un Antée qui lutte avec la terre, chair à chair, terriblement. Le peintre joue avec les matières magiques du trait et de la couleur. A ce métier de fée, il doit son humeur heureuse. Giotto et Dante, amis et du même âge, quel contraste entre l'ardeur désespérée du poète et la joie de vivre qui anime le peintre. Le poète tire tout à soi, et plonge tout dans le feu rouge et noir de sa grande âme. Le peintre se perd lui-même dans l'objet, il s'oublie dans la forme ; et fût-ce la douleur, la mort, et les larmes, pourvu qu'elle soit belle, il s'y complaît. »
Voyage du Condottière, André Suarès
Il faudrait tout citer.
Parole, pensée, dessin, action : "Nous ne pensons pas de façon assez décisive encore l'essence de l'agir" (Dr H, Lettre sur l'humanisme, première phrase)
Giotto, peintre chinois : ce doit être lui qu'évoque Tchouang Tseu...
Voilà donc l'enfant Giotto que la nature enseigne sous un ciel heureux, et qui s'instruit à donner aux apparences la seconde vie de la forme. Ainsi Giotto découvre le dessin et il l'apprend à son pays, pour le siècles des siècles.
(...)
Le sculpteur est un Antée qui lutte avec la terre, chair à chair, terriblement. Le peintre joue avec les matières magiques du trait et de la couleur. A ce métier de fée, il doit son humeur heureuse. Giotto et Dante, amis et du même âge, quel contraste entre l'ardeur désespérée du poète et la joie de vivre qui anime le peintre. Le poète tire tout à soi, et plonge tout dans le feu rouge et noir de sa grande âme. Le peintre se perd lui-même dans l'objet, il s'oublie dans la forme ; et fût-ce la douleur, la mort, et les larmes, pourvu qu'elle soit belle, il s'y complaît. »
Voyage du Condottière, André Suarès
Il faudrait tout citer.
Parole, pensée, dessin, action : "Nous ne pensons pas de façon assez décisive encore l'essence de l'agir" (Dr H, Lettre sur l'humanisme, première phrase)
Giotto, peintre chinois : ce doit être lui qu'évoque Tchouang Tseu...