Réconciliation
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
De la musique (pour changer d'Aznavour ou Brassens...) :
André Suarès, Sur la musique, recueil, Actes Sud
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- Eric Veron
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Re: Réconciliation
Eh ! flûte ! C'est tout moi, ça ! C'est tout ce qui me plait ! Il est vrai que je suis un esprit simple.Le rythme a produit l’ordonnance. Toute ordonnance tend fatalement à la symétrie. La symétrie est une maladie chronique de la répétition. Les esprits simples qui ont un certain goût pour l’art, sans être artistes, aiment la répétition et la cherchent : on croirait qu’ils ne peuvent pas s’en passer.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
« L'humanité est en danger quand elle oublie la plus solennelle mise en garde de l'histoire : que la civilisation est un homme armé d'un fouet au milieu de bêtes faméliques » Nicolas Gomez Davila
- Eric Veron
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Re: Réconciliation
93. Les pères craignent que l’amour naturel des enfants ne s’efface. Quelle est donc cette nature, sujette à être effacée ? La coutume est une seconde nature, qui détruit la première. Mais qu’est-ce que nature ? Pourquoi la coutume n’est-elle pas naturelle ? J’ai grand’peur que cette nature ne soit elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est une seconde nature.
Pascal.
Pascal.
- Alain Georges
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Re: Réconciliation
Une France perdue à jamais.
https://www.franceculture.fr/sciences-du-langage/archive-exceptionnelle-ecoutez-laccent-parisien-en-1912
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- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
« La fameuse transparence racinienne est une opacité exemplaire, celles des œuvres extrêmes [...], qui sollicitent impérieusement qu'on remplisse d'un sens ayant valeur d'engagement le scandale de leur pure présence » Jean-Jacques Roubine, Lectures de Racine.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
« Dieu a créé l'homme avec deux amours, l'un pour Dieu, l'autre pour soi-même », subordonné au premier ; mais le péché originel d'Adam et Eve, qui s'est transmis à toute leur descendance, à éloigné l'homme de son Créateur : « il s'est aimé seul et toutes choses pour soi » d'un amour égoïste et tyrannique, qui n'est qu'une « concupiscence [...] devenue [...] notre seconde nature » puisqu'il cherche la valeur dans les objets des sens. Cet amour est la manifestation d'un besoin, d'un manque radical, si bien qu'il est irrésistible, et il est pathétiquement insatiable, parce qu'il tente de combler par les êtres et les biens de ce vain monde le vide créé par l'abandon de Dieu. Du bonheur originel dont la recherche reste la motivation de tous les actes de l'homme, « il ne lui reste maintenant que la marque et la trace toute vide qu'il essaie inutilement de remplir », « parce que ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini et immuable, c'est-à-dire que par Dieu lui-même ».
Pascal, lettre du 17 octobre 1651, Pensées Laf 616, 148 — repris par Jean Rohou.
Pascal, lettre du 17 octobre 1651, Pensées Laf 616, 148 — repris par Jean Rohou.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Écoute comparée des Wesendonk lieder de Wagner. Kaufmann remarquable, évidemment, quoiqu'encore avec une voix un peu trop "engorgée" dans le médium ; mais inapproprié. Sinopoli le plus intense et profond pour la direction, sans surprise ; mais Cheryl Studer... Christa Ludwig et Klemperer au sommet, on change là de monde. Et pour finir, un cran encore au-dessus de Ludwig, "notre" Régine Crespin. La plus noble et la plus belle de toutes les Walkyries — qui s'est prudemment cantonnée à ce rôle dans la seule deuxième journée du Ring, à la demande expresse de Karajan (avec Janovitz en Sieglinde !) — réalise avec Georges Prêtre et un modeste orchestre national une interprétation superlative.
Sans doute le recueil qui permet le mieux la perception de l'abyssale tristesse qui court tout au long de l’œuvre de Wagner, qui la fonde bien au-delà de tout l'attirail dont il l'a affublé.
Sans doute le recueil qui permet le mieux la perception de l'abyssale tristesse qui court tout au long de l’œuvre de Wagner, qui la fonde bien au-delà de tout l'attirail dont il l'a affublé.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
Ah, ce cher Teodor ! Il exagère, mais on lui pardonne beaucoup, car il donne aussi beaucoup. Currentzis vient de sortir une 7ème de Beethoven, après une cinquième de grand intérêt il y a quelques mois. Comme pour cette dernière, il est plus sage qu’on pourrait croire, et tout à la fois excessif, voire excentrique. Derechef, il ne peut s’empêcher de tripoter un peu les « potards » (il va se faire assassiner, à force…), il exagère franchement ici et là, mais son interprétation foisonne d’idées, on tend l’oreille continûment, les équilibres et la lisibilité sont remarquables, il apporte une contribution toute personnelle à l’insoluble équation d’un allegretto qui est aussi une marche funèbre, bref : c’est Teodor dans ses œuvres. Ses déclarations au sujet de cette œuvre sont un mixte d’idées pertinentes (emportement dionysiaque) et de tape à l’œil auquel il ne croit manifestement pas quand on l’écoute (temple grec, en style dorien...), il manie l’esbroufe et la sincérité avec une désarmante naïveté plus qu’avec habileté. A écouter, à suivre (une intégrale est visiblement programmée), même si, s’agissant de cette symphonie, sans doute l’une des plus enregistrées (et avec tant de merveilles parmi ces témoignages), et comme pour la précédente, bien qu’il se hisse à un très haut niveau et témoigne du renouvellement permanent de notre entente d’icelle (un des rarissimes signes positifs de l’époque), il ne l’emporte ni sur le grand classicisme passionné de Karajan dans ses meilleurs jours, ni sur le génie pur et simple d’un Harnoncourt au crépuscule de sa vie (enregistrement d’un concert hanté par la mort, dont on ne sort pas indemne, comme il est convenu de dire).

A noter, pour les abonnés, qu’un concert très... spécial de Teodor Currentzis à la Sainte Chapelle, fait de chants byzantins exécutés par son chœur et des religieux orthodoxes, comme en un rite, revient régulièrement sur la chaîne Mezzo. On voit que la relation forcément particulière entre cette musique et ce lieu est sentie par tous, et le résultat est spirituel plus encore que musical ; mais le sublime, l’œuvre d’art superlative, c’est bien la chapelle elle-même.

A noter, pour les abonnés, qu’un concert très... spécial de Teodor Currentzis à la Sainte Chapelle, fait de chants byzantins exécutés par son chœur et des religieux orthodoxes, comme en un rite, revient régulièrement sur la chaîne Mezzo. On voit que la relation forcément particulière entre cette musique et ce lieu est sentie par tous, et le résultat est spirituel plus encore que musical ; mais le sublime, l’œuvre d’art superlative, c’est bien la chapelle elle-même.
- Didier Bourjon
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Re: Réconciliation
« Après Napoléon, néant : on ne voit venir ni empire, ni religion, ni barbares. La civilisation est montée à son plus haut point, mais civilisation matérielle, inféconde, qui ne peut rien produire, car on ne saurait donner la vie que par morale ; on n'arrive à la création des peuples que par les routes du ciel ; les chemins de fer nous conduiront seulement avec plus de rapidité à l'abîme » Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe