Conseil de lecture
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- Philippe Versini
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Conseil de lecture
En ces temps de morosité et d'inquiétude, je voudrais vous conseiller la lecture d'un petit livre intéressant et amusant : Comics retournés de Gabriela Manzoni.
Régis de Castelnau en parle mieux que moi dans Causeur !
http://www.causeur.fr/manzoni-bande-dessinee-comics-retournes-39138.html

Madame Gabriela Manzoni a surgi de nulle part, un bien beau jour, sur Facebook. Avec un dessin détourné, qui présentait cette originalité de ne pas avoir été pioché dans une bande dessinée connue. Ceux qui, peu nombreux aujourd’hui, avaient eu le privilège de feuilleter le magazine Nous deux dans les années 60 ont reconnu les publications américaines sirupeuses qui faisaient la joie sages des midinettes de ce temps. Pour les autres ce fut une surprise et immédiatement un triomphe. Depuis, les « like » s’ajoutant aux « like » les aficionados forts nombreux eurent leur ration quasi quotidienne. Les éditions Séguier ont eu la bonne idée de les rassembler dans un premier recueil accompagné d’une « baseline » imparable : « 200 pages de mauvais esprit. Et du bon ! »
Dans une préface subtile Madame Manzoni nous explique pourquoi ces comics ne sont pas détournés comme pouvaient le faire les situationnistes, mais retournés comme une scène de film dont on aurait changé le dialogue pour mieux approcher la vérité. S’inspirant des « moralistes les plus sombres » nous dit-elle, elle s’est efforcée « de mettre une philosophie dans chaque vignette retournée ». Et c’est un bonheur, une vraie et originale réussite.
Alors bien sûr, après le rire ou le sourire, on se prêtera au petit jeu de la recherche des inspirateurs. Naturellement viendront à l’esprit Cioran, Chamfort, Schopenhauer, voire Alphonse Allais qui prétendait que « les parents emmenaient leurs enfants au bord de la mer dans l’espoir secret de noyer les plus laids ». À qui répond un des bellâtres de Madame Manzoni : « Je suis contre l’avortement… Tuer un être humain avant sa naissance ? Quelle impatience ! » Il y a probablement aussi du Freud, le charlatan viennois. Le problème est que leur méchanceté, à tous ceux-là est souvent parasitée par d’autres sentiments. Le pessimisme de Chamfort, la vanité de Schopenhauer, ou le désespoir vrai de Cioran. Rien de tel, heureusement, chez Madame Manzoni. Pas une trace de tendresse ou de compassion, rien que de la méchanceté lucide et distante, on la dira chimiquement pure. Pour ce qui me concerne, j’y trouve une correspondance avec Saki, un merveilleux auteur anglais aujourd’hui un peu oublié.


Régis de Castelnau en parle mieux que moi dans Causeur !
http://www.causeur.fr/manzoni-bande-dessinee-comics-retournes-39138.html

Madame Gabriela Manzoni a surgi de nulle part, un bien beau jour, sur Facebook. Avec un dessin détourné, qui présentait cette originalité de ne pas avoir été pioché dans une bande dessinée connue. Ceux qui, peu nombreux aujourd’hui, avaient eu le privilège de feuilleter le magazine Nous deux dans les années 60 ont reconnu les publications américaines sirupeuses qui faisaient la joie sages des midinettes de ce temps. Pour les autres ce fut une surprise et immédiatement un triomphe. Depuis, les « like » s’ajoutant aux « like » les aficionados forts nombreux eurent leur ration quasi quotidienne. Les éditions Séguier ont eu la bonne idée de les rassembler dans un premier recueil accompagné d’une « baseline » imparable : « 200 pages de mauvais esprit. Et du bon ! »
Dans une préface subtile Madame Manzoni nous explique pourquoi ces comics ne sont pas détournés comme pouvaient le faire les situationnistes, mais retournés comme une scène de film dont on aurait changé le dialogue pour mieux approcher la vérité. S’inspirant des « moralistes les plus sombres » nous dit-elle, elle s’est efforcée « de mettre une philosophie dans chaque vignette retournée ». Et c’est un bonheur, une vraie et originale réussite.
Alors bien sûr, après le rire ou le sourire, on se prêtera au petit jeu de la recherche des inspirateurs. Naturellement viendront à l’esprit Cioran, Chamfort, Schopenhauer, voire Alphonse Allais qui prétendait que « les parents emmenaient leurs enfants au bord de la mer dans l’espoir secret de noyer les plus laids ». À qui répond un des bellâtres de Madame Manzoni : « Je suis contre l’avortement… Tuer un être humain avant sa naissance ? Quelle impatience ! » Il y a probablement aussi du Freud, le charlatan viennois. Le problème est que leur méchanceté, à tous ceux-là est souvent parasitée par d’autres sentiments. Le pessimisme de Chamfort, la vanité de Schopenhauer, ou le désespoir vrai de Cioran. Rien de tel, heureusement, chez Madame Manzoni. Pas une trace de tendresse ou de compassion, rien que de la méchanceté lucide et distante, on la dira chimiquement pure. Pour ce qui me concerne, j’y trouve une correspondance avec Saki, un merveilleux auteur anglais aujourd’hui un peu oublié.


- Philippe Versini
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- Messages: 887
Re: Conseil de lecture
Je vous conseille la lecture du livre de Marc Trévidic, '' Ahlam '': c'est un roman fiction mais bien ancré dans la réalité de la Tunisie actuelle et du salafisme.
On sent que l'auteur parle en connaissance de cause ! Malheureusement, ce spécialiste du djihadisme a dû quitter le pôle anti terroriste à cause d'une disposition ridicule qui limite la durée d'une nomination à dix années !
Voici la critique du Figaro.
Le roman nous entraîne en Tunisie, depuis le début des années 2000 jusqu'à la chute du président Ben Ali en janvier 2011, alors que la Tunisie est confrontée à la montée de l'intégrisme. Il débute par cette phrase: «Le 2 janvier 2000, peu avant midi, une silhouette blanche débarqua du ferry El Loud.»
Paul Arezzo, un peintre français, «célèbre et riche», s'installe sur l'archipel des Kerkennah, au large de la ville portuaire de Sfax. Il s'y lie d'amitié avec un pêcheur, Farhat, qui l'accueille au sein de sa famille. Arezzo va enseigner la peinture à Issam, le fils, et la musique à Ahlam, la fille.
Roman documenté
Ses jeunes élèves sont doués. Mais, exacerbés par la violence du régime, la haine et l'islamisme montent en puissance. Inséparables, les deux enfants de Farhat prennent des chemins différents. Tandis qu'Ahlam, amoureuse de Paul, de 20 ans son aîné, choisit la voie de l'émancipation, son frère Issam se radicalise au contact des fondamentalistes.
Le roman, particulièrement bien documenté, décrit avec précision le phénomène de la fanatisation et le fonctionnement des cellules salafistes.
http://premium.lefigaro.fr/livres/2015/12/23/03005-20151223ARTFIG00108-le-juge-marc-trevidic-signe-un-premier-roman.php
On sent que l'auteur parle en connaissance de cause ! Malheureusement, ce spécialiste du djihadisme a dû quitter le pôle anti terroriste à cause d'une disposition ridicule qui limite la durée d'une nomination à dix années !
Voici la critique du Figaro.
Le roman nous entraîne en Tunisie, depuis le début des années 2000 jusqu'à la chute du président Ben Ali en janvier 2011, alors que la Tunisie est confrontée à la montée de l'intégrisme. Il débute par cette phrase: «Le 2 janvier 2000, peu avant midi, une silhouette blanche débarqua du ferry El Loud.»
Paul Arezzo, un peintre français, «célèbre et riche», s'installe sur l'archipel des Kerkennah, au large de la ville portuaire de Sfax. Il s'y lie d'amitié avec un pêcheur, Farhat, qui l'accueille au sein de sa famille. Arezzo va enseigner la peinture à Issam, le fils, et la musique à Ahlam, la fille.
Roman documenté
Ses jeunes élèves sont doués. Mais, exacerbés par la violence du régime, la haine et l'islamisme montent en puissance. Inséparables, les deux enfants de Farhat prennent des chemins différents. Tandis qu'Ahlam, amoureuse de Paul, de 20 ans son aîné, choisit la voie de l'émancipation, son frère Issam se radicalise au contact des fondamentalistes.
Le roman, particulièrement bien documenté, décrit avec précision le phénomène de la fanatisation et le fonctionnement des cellules salafistes.
http://premium.lefigaro.fr/livres/2015/12/23/03005-20151223ARTFIG00108-le-juge-marc-trevidic-signe-un-premier-roman.php
- Jeanne
Re: Conseil de lecture
Merci, cher Philippe Versini, pour cet intéressant conseil de lecture.
- Philippe Versini
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- Messages: 887
Re: Conseil de lecture
Vous pouvez voir actuellement un documentaire intéressant d'Arte sur Karl Marx en replay ou sur l'ordinateur.
https://tv-programme.com/karl-marx_documentaire/
https://tv-programme.com/karl-marx_documentaire/
Re: Conseil de lecture
Je l'ai découvert il y a plus d'un an déjà. François Bert, fondateur du cabinet de conseil « Edelweiss RH » (2011) et de l’École de discernement (2019), est l’auteur de l’essai « Le temps des chefs est venu » (2016). Après ce plaidoyer pour l'avènement des chefs naturels en politique, il donne à vivre dans son premier roman "Cote 418", qui est d'abord un hommage aux combattants de 14-18, l'expérience intime des questionnements et des choix d'un jeune chef au cœur du chaos.
Je vous en propose un paragraphe :
"La patrie n'est pas une idée de papier ni un tissu tricolore. C'est une communauté de valeurs et d'arts de vivre qui a le nom et la chaleur des camarades vivants et morts. C'est un élan qui a le visage d'un chef inspirant. C'est une envie d'habiter et de transmettre un haussement de l'être et une passion partagée."
Je vous en propose un paragraphe :
"La patrie n'est pas une idée de papier ni un tissu tricolore. C'est une communauté de valeurs et d'arts de vivre qui a le nom et la chaleur des camarades vivants et morts. C'est un élan qui a le visage d'un chef inspirant. C'est une envie d'habiter et de transmettre un haussement de l'être et une passion partagée."
- Alain Georges
- Messages: 1421
Un anniversaire passé inaperçu
https://anti-mythes.blogspot.com/2021/0 ... uvait.html
http://www.contre-info.com/quand-franco-sauvait-plusieurs-milliers-de-pieds-noirs-que-de-gaulle-voulait-abandonner-au-fln#more-59857
C’était un 30 juin : Franco sauvait plusieurs milliers de Pieds-Noirs que De Gaulle voulait abandonner au FLN
C’est un épisode peu connu, au cours duquel Franco fit preuve d’une courageuse bienveillance envers les Français, en s’opposant fermement à De Gaulle qui préférait qu’ils fussent livrés à la barbarie du FLN. Quelques jours après, dans la même ville d’Oran, c’était le massacre.
Texte de José Castano :
« Les 29 et 30 juin 1962, l’Espagne du général Franco vint au secours des Oranais malmenés par les sbires du général Katz, en affrétant 2 ferrys, le « Victoria » et le « Virgen de Africa »
Pour accoster le long des quais d’Oran, il fallut longuement parlementer avec les autorités françaises réticentes et même donner à la France un ultimatum, risquant un grave incident diplomatique…
Le 30 juin, à 10 h du matin, malgré l’opposition de De Gaulle, le général Franco donna l’ordre à ses capitaines d’embarquer cette « misère humaine » qui attendait depuis des jours sous un soleil torride, sans la moindre assistance, un hypothétique embarquement vers la France.
Franco prévint de Gaulle qu’il était prêt à l’affrontement militaire pour sauver ces pauvres gens sans défense, abandonnés sur les quais d’Oran et menacés d’être exécutés à tout moment par les barbares du FLN. Joignant le geste à la parole, il ordonna à son aviation et sa marine de guerre de faire immédiatement route vers Oran.
Finalement, face à la détermination du général Franco et craignant un conflit armé, de Gaulle céda et le samedi 30 juin, à 13 h, deux ferrys espagnols accostèrent et embarquèrent 2 200 passagers hagards, ............................
.........................
En mémoire de Jean LOPEZ, coiffeur à Aïn-El-Turck (Oran) qui devait assurer mon embarquement et mon accompagnement jusqu’en Métropole (j’avais 15 ans). Jean fut enlevé précisément au port d’Oran par des ATO (auxiliaires de police du FLN). On ne le revit jamais…"
http://www.contre-info.com/quand-franco-sauvait-plusieurs-milliers-de-pieds-noirs-que-de-gaulle-voulait-abandonner-au-fln#more-59857
C’était un 30 juin : Franco sauvait plusieurs milliers de Pieds-Noirs que De Gaulle voulait abandonner au FLN
C’est un épisode peu connu, au cours duquel Franco fit preuve d’une courageuse bienveillance envers les Français, en s’opposant fermement à De Gaulle qui préférait qu’ils fussent livrés à la barbarie du FLN. Quelques jours après, dans la même ville d’Oran, c’était le massacre.
Texte de José Castano :
« Les 29 et 30 juin 1962, l’Espagne du général Franco vint au secours des Oranais malmenés par les sbires du général Katz, en affrétant 2 ferrys, le « Victoria » et le « Virgen de Africa »
Pour accoster le long des quais d’Oran, il fallut longuement parlementer avec les autorités françaises réticentes et même donner à la France un ultimatum, risquant un grave incident diplomatique…
Le 30 juin, à 10 h du matin, malgré l’opposition de De Gaulle, le général Franco donna l’ordre à ses capitaines d’embarquer cette « misère humaine » qui attendait depuis des jours sous un soleil torride, sans la moindre assistance, un hypothétique embarquement vers la France.
Franco prévint de Gaulle qu’il était prêt à l’affrontement militaire pour sauver ces pauvres gens sans défense, abandonnés sur les quais d’Oran et menacés d’être exécutés à tout moment par les barbares du FLN. Joignant le geste à la parole, il ordonna à son aviation et sa marine de guerre de faire immédiatement route vers Oran.
Finalement, face à la détermination du général Franco et craignant un conflit armé, de Gaulle céda et le samedi 30 juin, à 13 h, deux ferrys espagnols accostèrent et embarquèrent 2 200 passagers hagards, ............................
.........................
En mémoire de Jean LOPEZ, coiffeur à Aïn-El-Turck (Oran) qui devait assurer mon embarquement et mon accompagnement jusqu’en Métropole (j’avais 15 ans). Jean fut enlevé précisément au port d’Oran par des ATO (auxiliaires de police du FLN). On ne le revit jamais…"
- Alain Georges
- Messages: 1421
Re: Conseil de lecture
[urlhttp://fboizard.blogspot.com/2021/11/pe ... ville.html][/url]
Peste & cholera (P. Deville) :
"A notre époque maudite, où les psychopathies des charlatans diplômés de médecine à la Delfraissy, Dab, Deray, Lacombe, Pialoux, sans oublier Véran ... nous explosent au visage, ça fait du bien de lire ce roman biographique sur Alexandre Yersin (pas très roman, plutôt biographie). Un vrai médecin et un vrai chercheur, lui, pas un hurluberlu à l'ego comme une montgolfière."
Le bonhomme est en effet remarquable !
Peste & cholera (P. Deville) :
"A notre époque maudite, où les psychopathies des charlatans diplômés de médecine à la Delfraissy, Dab, Deray, Lacombe, Pialoux, sans oublier Véran ... nous explosent au visage, ça fait du bien de lire ce roman biographique sur Alexandre Yersin (pas très roman, plutôt biographie). Un vrai médecin et un vrai chercheur, lui, pas un hurluberlu à l'ego comme une montgolfière."
Le bonhomme est en effet remarquable !
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