Histoire
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- Didier Bourjon
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Histoire
Singulier sanglier !
Le sanglier, c’est ce porc sauvage au corps robuste qui vit dans les régions boisées. Contrairement au porc domestique, le sanglier vit seul, d’où son nom. Le mot sanglier (sengler fin XIe, senglier milieu XIIe et sanglier fin XIIIe) est issu de l’évolution phonétique du latin singularis (porcus) « porc qui vit seul », de singularis « isolé, solitaire » et porcus « porc ». Non seulement le mot singularis a-t-il connu des transformations qui le rendent quasi méconnaissable dans sanglier, mais de plus l’adjectif est devenu nom et a, par le fait même, éliminé le nom porcus. Porc sanglier est encore employé au XVIe siècle ; par la suite, on dit simplement sanglier. Quant à l’adjectif singulier (fin XIIIe), emprunt savant au latin singularis, il garde à peu près son sens d’origine dans singulier (opposé à pluriel) ou dans combat singulier..., mais il prend peu à peu le sens de « unique en son genre, différent des autres, original, étrange ». Fait singulier, le mot truie (XIIe) résulte également de l’élimination du nom porcus par l’adjectif qu’on lui accolait en latin dans porcus troianus « porc de Troie ». On aura compris que le mot truie nous vient d’une analogie plaisante entre la femelle du porc remplie de petits cochons et le cheval de Troie. Porcus troianus, transformé en troia, est devenu truie en français. Quant au mot porcus, bien qu’évincé par sanglier et par truie, il a tout de même eu, outre porc, plusieurs descendants, parmi lesquels porcherie, porcin, porcelet et pourceau.
(On trouve, en français, deux catégories de mots provenant du latin : les mots héréditaires, issus du latin parlé et populaire, qui ont connu au cours des siècles une lente transformation, une importante usure phonétique ; et les emprunts savants, des mots pris tels quels dans le latin écrit et « adaptés » en français en ne modifiant généralement que leur finale. Souvent, les mots empruntés doublent des mots héréditaires qui tirent leur origine du même mot latin. Ainsi le mot hôpital (XIIe), emprunté au latin hospitalis – dont il « copie » la forme –, double le mot hôtel issu du même mot latin, mais dont l’usage est déjà attesté au moins un siècle plus tôt. De la même manière, sacrement (XIIe), calqué sur le latin sacramentum, vient doubler serment (IXe). Ce sont des doublets étymologiques.)
(Correspondance)
Le sanglier, c’est ce porc sauvage au corps robuste qui vit dans les régions boisées. Contrairement au porc domestique, le sanglier vit seul, d’où son nom. Le mot sanglier (sengler fin XIe, senglier milieu XIIe et sanglier fin XIIIe) est issu de l’évolution phonétique du latin singularis (porcus) « porc qui vit seul », de singularis « isolé, solitaire » et porcus « porc ». Non seulement le mot singularis a-t-il connu des transformations qui le rendent quasi méconnaissable dans sanglier, mais de plus l’adjectif est devenu nom et a, par le fait même, éliminé le nom porcus. Porc sanglier est encore employé au XVIe siècle ; par la suite, on dit simplement sanglier. Quant à l’adjectif singulier (fin XIIIe), emprunt savant au latin singularis, il garde à peu près son sens d’origine dans singulier (opposé à pluriel) ou dans combat singulier..., mais il prend peu à peu le sens de « unique en son genre, différent des autres, original, étrange ». Fait singulier, le mot truie (XIIe) résulte également de l’élimination du nom porcus par l’adjectif qu’on lui accolait en latin dans porcus troianus « porc de Troie ». On aura compris que le mot truie nous vient d’une analogie plaisante entre la femelle du porc remplie de petits cochons et le cheval de Troie. Porcus troianus, transformé en troia, est devenu truie en français. Quant au mot porcus, bien qu’évincé par sanglier et par truie, il a tout de même eu, outre porc, plusieurs descendants, parmi lesquels porcherie, porcin, porcelet et pourceau.
(On trouve, en français, deux catégories de mots provenant du latin : les mots héréditaires, issus du latin parlé et populaire, qui ont connu au cours des siècles une lente transformation, une importante usure phonétique ; et les emprunts savants, des mots pris tels quels dans le latin écrit et « adaptés » en français en ne modifiant généralement que leur finale. Souvent, les mots empruntés doublent des mots héréditaires qui tirent leur origine du même mot latin. Ainsi le mot hôpital (XIIe), emprunté au latin hospitalis – dont il « copie » la forme –, double le mot hôtel issu du même mot latin, mais dont l’usage est déjà attesté au moins un siècle plus tôt. De la même manière, sacrement (XIIe), calqué sur le latin sacramentum, vient doubler serment (IXe). Ce sont des doublets étymologiques.)
(Correspondance)
- Eric Veron
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Re: Histoire
Merci de cette note intéressante et savoureuse, cher Didier. J'en tire que Johnny était un sanglier et ses admirateurs des porcs... Autre animal qui vous est cher : le cheval, dont la dénomination originelle engendre doublet, triplet et plus encore, mais ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre. Bonne journée.
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