Notule
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- Didier Bourjon
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Notule
Hier, toute la journée, j'ai été tout à fait coupé du flux des "nouvelles" du monde. C'était un samedi, jour souvent assez calme sur ce front. Aujourd'hui, jour qui l'est généralement encore plus, en matinée, je remonte un peu le fil de ce qui s'est passé. Et je me suis vu obligé de consigner ici (et encore après sélection sévère et limitation qui ne l'était pas moins du temps accordé à cette tâche) un nombre invraisemblable de choses toutes plus révoltantes ou désespérantes les unes que les autres. Chacune d'entre elles pouvait suffire à décrire l'époque, où nous en sommes, où nous allons. Il faut être bien armé pour y résister. M'est venu, du fait d'une telle accumulation, une idée toute simple : au lieu de ventiler ces différents faits sur le petit nombre de fils du site qui, sans cesse de retour en tête des discussions, montrent combien ils recoupent les lignes de force "de ce qui survient", pourquoi ne pas faire un fil par jour, avec la date comme titre, et y regrouper tout ce qu'on peut relever ce jour-là... Le côté thématique et partant fruit et base d'une réflexion sans cesse alimentée y perdrait, le côté chronique d'un Désastre plus qu'annoncé y gagnerait sans doute.
- Alain Georges
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Re: Notule
Cher Didier, tenir le journal du désastre est-peut-être nécessaire, mais s'en tenir là ne peut que nourrir le désespoir que vous évoquez. Si nous ne parvenons pas, au delà de l'inventaire des faits et même de la réflexion qui s'en élève pour tenter d'en appréhender le sens, à esquisser une forme de résistance, de quelque nature que soient les actes la mettant en œuvre (la pétition en est un exemple) nous nous évertuons en vain. Mais la suite sur un autre fil, peut-être.
- Alain Georges
- Messages: 1421
Re: Notule
A l'instant, piqué sur le blog de Foizard, et que je repose ici illico tant ça me semble venir ponctuer à point ce qui précède.
"En 1921, s’adressant à des saint-cyriens, De Gaulle :
« Retenez cette leçon, l’Histoire n’enseigne pas le fatalisme, il y a les heures où la volonté de quelques hommes brise le déterminisme et ouvre de nouvelles voies.
Quand vous déplorerez le mal présent et que vous craindrez le pire, on vous dira : ce sont les lois de l’histoire, ainsi le veut l’évolution ; on vous l’expliquera savamment ; redressez-vous, Messieurs, contre cette savante lâcheté. C’est plus qu’une sottise, c’est le péché contre l’esprit »
Je ne suis pas un admirateur éperdu du Grand Charles, qui a fait quelques belles conneries et de colossales saloperies, mais c'est exactement ce qu'il nous faut penser.
"En 1921, s’adressant à des saint-cyriens, De Gaulle :
« Retenez cette leçon, l’Histoire n’enseigne pas le fatalisme, il y a les heures où la volonté de quelques hommes brise le déterminisme et ouvre de nouvelles voies.
Quand vous déplorerez le mal présent et que vous craindrez le pire, on vous dira : ce sont les lois de l’histoire, ainsi le veut l’évolution ; on vous l’expliquera savamment ; redressez-vous, Messieurs, contre cette savante lâcheté. C’est plus qu’une sottise, c’est le péché contre l’esprit »
Je ne suis pas un admirateur éperdu du Grand Charles, qui a fait quelques belles conneries et de colossales saloperies, mais c'est exactement ce qu'il nous faut penser.
- Eric Veron
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- Messages: 4573
Re: Notule
Je m’étonne un peu que la notule de Didier ne rencontre pas plus d’écho.
un nombre invraisemblable de choses toutes plus révoltantes ou désespérantes les unes que les autres. Chacune d'entre elles pouvait suffire à décrire l'époque, où nous en sommes, où nous allons. Il faut être bien armé pour y résister.
Ce n’est pas rien que d’écrire cela, ce n’est pas rien de le lire, ce n’est pas rien que de subir l’agression perpétuelle et toujours plus violente de ces choses. Eh bien, je vous le dis tout net : je ne suis pas sûr de pouvoir résister à cela. Ne vous demandez-vous jamais à quoi rime cette collecte incessante d’horreurs ? Nous savons où nous allons. En tout cas, moi, je le sais. Le comportement de mes contemporains me l’indique assez qui vient trop souvent ternir l’éclat d’une belle journée. Qu’un palier soit franchi dans notre descente aux enfers, un bruissement public me le fait sentir aussitôt, que cède une nouvelle digue, la noyade se fait plus prochaine. Sachant que je suis, à tout jamais, incapable de me défaire d’une dose de lucidité, apparemment supérieure à celle de la majorité de mes contemporains, et dont semble m’avoir fait don une fée, un peu trop sévère, penchée sur mon berceau, ai-je besoin, en plus, d’être à moi-même une poupée vaudou ? N’ai pas encore fini d’évacuer mes pulsions sado-maso ? Je me pose la question, constamment. C’est harassant.
D’autre part, Didier pose la question annexe de savoir comment organiser ce fatras catastrophique. En toute hypothèse, la réponse émerge d’elle-même. Plus on subdivisera le malheur moins on pourra y distinguer différents thèmes. Essayez donc de retrouver, après quelques jours, une intervention qui vous trotte dans les méninges. Vous situez, à peu près, la date mais dans quelle rubrique était-ce ? Même aidé du moteur de recherche, je m’y perds. Il me semble que regrouper toutes les interventions par journée serait plus praticable.
un nombre invraisemblable de choses toutes plus révoltantes ou désespérantes les unes que les autres. Chacune d'entre elles pouvait suffire à décrire l'époque, où nous en sommes, où nous allons. Il faut être bien armé pour y résister.
Ce n’est pas rien que d’écrire cela, ce n’est pas rien de le lire, ce n’est pas rien que de subir l’agression perpétuelle et toujours plus violente de ces choses. Eh bien, je vous le dis tout net : je ne suis pas sûr de pouvoir résister à cela. Ne vous demandez-vous jamais à quoi rime cette collecte incessante d’horreurs ? Nous savons où nous allons. En tout cas, moi, je le sais. Le comportement de mes contemporains me l’indique assez qui vient trop souvent ternir l’éclat d’une belle journée. Qu’un palier soit franchi dans notre descente aux enfers, un bruissement public me le fait sentir aussitôt, que cède une nouvelle digue, la noyade se fait plus prochaine. Sachant que je suis, à tout jamais, incapable de me défaire d’une dose de lucidité, apparemment supérieure à celle de la majorité de mes contemporains, et dont semble m’avoir fait don une fée, un peu trop sévère, penchée sur mon berceau, ai-je besoin, en plus, d’être à moi-même une poupée vaudou ? N’ai pas encore fini d’évacuer mes pulsions sado-maso ? Je me pose la question, constamment. C’est harassant.
D’autre part, Didier pose la question annexe de savoir comment organiser ce fatras catastrophique. En toute hypothèse, la réponse émerge d’elle-même. Plus on subdivisera le malheur moins on pourra y distinguer différents thèmes. Essayez donc de retrouver, après quelques jours, une intervention qui vous trotte dans les méninges. Vous situez, à peu près, la date mais dans quelle rubrique était-ce ? Même aidé du moteur de recherche, je m’y perds. Il me semble que regrouper toutes les interventions par journée serait plus praticable.
- Eric Veron
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- Messages: 4573
Re: Notule
mais c'est exactement ce qu'il nous faut penser.
Permettez-moi de mettre en doute votre assertion, cher Alain. Laissons de côté, pour le moment, la question oiseuse de l’homme providentiel et considérons l’ennemi, la guerre. La situation à laquelle se réfère le grand Charles n’a rien à voir avec la nôtre. La sienne relevait encore d’une guerre entre nations et, qui plus est, de nations occidentales, se référant, malgré tout, à une même culture et, au-delà de la folie nazie, aux mêmes valeurs, lesquelles ont pu être rétablies sur leur sol d’origine. Aujourd’hui, c’est tout différent : il s’agit non de guerre mais d’un choc de civilisations et je crains que la volonté de quelques hommes n’en puisse mais. C’est bien plus aujourd’hui qu’alors que se déploie un déterminisme aux ramifications et à l'ampleur qui nous dépassent. Nous vivons le crépuscule de l’Occident. Souriez, cher Alain.
- Francis Marche
- Messages: 618
Re: Notule
D'accord avec la thèse du "choc des civilisations", qui est bien pis qu'une simple guerre. Mais qui invite aussi à penser la complexité, ses surprises et les retournements de situations qu'elle autorise d'espérer. Un seul exemple : Hong Kong, depuis près de cinq ans, vit une "révolution occidentaliste nouvelle": des Chinois qui adhèrent à l'Occident des valeurs face à la barbarie moderniste dont la Chine porte aujourd'hui le flambeau. Le Japon, qui n'aborde aucun crépuscule, a adopté les valeurs de l'Occident il y a longtemps et n'entend pas s'en départir, et de même Taïwan, et la Corée où ces valeurs sont d'implantation plus récente. Pensez au symbole du Yijing : dans le coeur de la masse dominante (le "ventre" que fait une couleur qui s'encastre dans la figure de couleur opposée), pointe une goutte de la couleur qui recule, et cette goutte grandira. Crépuscule de l'Occident en Europe, à n'en pas douter. Mais ailleurs ? en Amérique du Nord, le crépuscule est imparfait, il est contesté au plus haut niveau (présidence Trump). En Extrême-Orient ? C'est l'aurore de l'Occident.
L'Europe est aujourd'hui le ventre mou, malade et ruiné de l'Occident, c'est vrai. Ailleurs, l'Occident tient bon, gagne du terrain. Les Chrétiens d'Orient, ceux que l'on désigne de ce terme en France, sont sur le déclin et perdent du terrain, mais les Chrétiens d'Extrême-Orient en gagnent, ne l'oubliez pas.
L'Europe est aujourd'hui le ventre mou, malade et ruiné de l'Occident, c'est vrai. Ailleurs, l'Occident tient bon, gagne du terrain. Les Chrétiens d'Orient, ceux que l'on désigne de ce terme en France, sont sur le déclin et perdent du terrain, mais les Chrétiens d'Extrême-Orient en gagnent, ne l'oubliez pas.
Dernière édition par Francis Marche le 9 Juin 2020, 18:32, édité 1 fois.
- Francis Marche
- Messages: 618
Re: Notule
Il n'y a qu'une seule éventualité qui pourrait enterrer définitivement notre civilisation : que l'Islam et la Chine s'allient contre nous. Or, rien dans l'actualité et dans les signes d'évolution de la situation internationale, ne signale un tel phénomène. L'Islam n'a rallié à sa cause aucune puissance. La Chine non plus. Le camp occidental, s'il n'est pas soudé (clivages nombreux entre Amérique, Europe et Russie) reste le plus vaste et jouit d'un fort capital de sympathie en Amérique latine, en Afrique, en Inde et dans le monde extrême-oriental. Non, nous ne sommes pas foutus, ni chinois et l'islamisation de l'humanité est loin d'être acquise. Profitons-en pour nous battre et reprendre confiance.
- Eric Veron
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- Messages: 4573
Re: Notule
Crépuscule de l'Occident en Europe, à n'en pas douter. Mais ailleurs ?
Peut-être... Ce serait là-bas que se réfugierait l'espoir. Pourquoi pas? Vous êtes là pour nous en instruire, cher Francis.
- Eric Veron
-
- Messages: 4573
Re: Notule
Non, nous ne sommes pas foutus, ni chinois et l'islamisation de l'humanité est loin d'être acquise.
Très bien. Dont acte. Mais accordez-moi (vous le faites, je crois) que la France est particulièrement mal barrée.
Profitons-en pour nous battre et reprendre confiance.
Mais pourquoi faut-il qu'une certaine lucidité — une lucidité peut-être excessive, je veux bien l'admettre — éveille aussitôt le soupçon de perte de confiance, de relativisme, voire de défaitisme ? Les plus désespérés...
- Didier Bourjon
- Administrateur
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- Messages: 31173
Re: Notule
Merci de votre participation à une discussion de qualité autour d'une suggestion faite, comme je l'ai écrit, sous le coup d'une émotion...
Cette idée de "journalisation" de QDLF, le fil "Brèves" en était une amorce.
Je la trouve toujours séduisante, mais je vois bien qu'elle nous ferait basculer (c'est le mot du moment), si nous l'appliquions intégralement, dans "autre chose" — qui représenterait somme toute un genre de recul.
Il vaudrait mieux sans doute resserrer à nouveau les fils "permanents", comme déjà fait à plusieurs reprises, toujours avec un certain succès (quitte à ce que les intitulés deviennent à rallonge, exemple : "Propaganda, fakenews & journalisme"...). Mais ce n'est sans doute pas le meilleur moment pour tenter de le faire, compte tenu de la somme d'événements tous azimuts qui se déroulent sous nos yeux, quand bien même ils n'en forment qu'un seul en fin finale.
Ce qui seul compte ce sont deux choses : la préparation et l'attente du moment favorable. Le forum en l'état participe de la première. La seconde, ce sera à nous ou à d'autres, ou avec d'autres, de la saisir, même si elle parait chaque jour plus improbable ; peut-être, pour cette raison même, est-elle plus proche.
Regardez le débat Onfray / Zemmour, et l'impasse prévisible du premier ; qu'est-ce qui la causera ? son universalisme congénital. Quelle est l'opposition de fond entre nos deux débatteurs ? la question de l'identité, que revendique Zemmour. Or, si la critique de l'un (universalisme) est assez bien avancée, le fourvoiement compris dans l'autre (identité) ne l'est pas encore. Enfin, quelle aporie les fait se rejoindre tous deux dans l'indéterminé ? Le libéralisme, en tant que triomphe de l'emprise technique sur le tout du Monde. C'est cette critique qui dépasse toutes les autres (les englobe), qui seule peut éviter de retomber dans les pires ornières, à terme.

Cette idée de "journalisation" de QDLF, le fil "Brèves" en était une amorce.
Je la trouve toujours séduisante, mais je vois bien qu'elle nous ferait basculer (c'est le mot du moment), si nous l'appliquions intégralement, dans "autre chose" — qui représenterait somme toute un genre de recul.
Il vaudrait mieux sans doute resserrer à nouveau les fils "permanents", comme déjà fait à plusieurs reprises, toujours avec un certain succès (quitte à ce que les intitulés deviennent à rallonge, exemple : "Propaganda, fakenews & journalisme"...). Mais ce n'est sans doute pas le meilleur moment pour tenter de le faire, compte tenu de la somme d'événements tous azimuts qui se déroulent sous nos yeux, quand bien même ils n'en forment qu'un seul en fin finale.
Ce qui seul compte ce sont deux choses : la préparation et l'attente du moment favorable. Le forum en l'état participe de la première. La seconde, ce sera à nous ou à d'autres, ou avec d'autres, de la saisir, même si elle parait chaque jour plus improbable ; peut-être, pour cette raison même, est-elle plus proche.
Regardez le débat Onfray / Zemmour, et l'impasse prévisible du premier ; qu'est-ce qui la causera ? son universalisme congénital. Quelle est l'opposition de fond entre nos deux débatteurs ? la question de l'identité, que revendique Zemmour. Or, si la critique de l'un (universalisme) est assez bien avancée, le fourvoiement compris dans l'autre (identité) ne l'est pas encore. Enfin, quelle aporie les fait se rejoindre tous deux dans l'indéterminé ? Le libéralisme, en tant que triomphe de l'emprise technique sur le tout du Monde. C'est cette critique qui dépasse toutes les autres (les englobe), qui seule peut éviter de retomber dans les pires ornières, à terme.
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